Elle est là, assise, tout de blanc vêtue. Elle lui adresse de loin un signe de la main, se lève et lui désigne le fauteuil de rotin opposé au sien.
Il s’avance n’osant trop la dévisager. Il ne voit d’abord qu’un sari blanc drapé autour d’une silhouette élancée rappelant les déesses de l’antiquité.
Il lève les yeux. Elle est d’une beauté rare. Son nez est fin, ses yeux noisette semblent en embuscade derrière de longs cils recourbés et des sourcils mi-épais qu’aucun fard ne vient renforcer. Le veuvage n’a pas tué sa manière princière de regarder le monde. La bordure discrètement brodée de son voile laisse dépasser des mèches de sa chevelure brune sagement tirée en arrière.
Une montre et une épingle de chignon sont ses seuls bijoux.
La majesté de sa personne, son regard pénétrant s’emparent d’Arnaud, il fond sous le charme.
Il la sent troublée. Elle lui sourit. Bienveillance, séduction, mystère et un fond de tristesse habitent ce sourire. Arnaud ne sait quel protocole adopter face à cette veuve indienne, princesse de surcroît. Il connaît si peu d’elle… Le voilà interdit devant la plus envoûtante des femmes.