Singh, le chauffeur sikh, ouvre la porte de l’Ambassador, celle des grands jours, aux rideaux de soie et capitonnages de velours rouge.
Arnaud le remercie, il préfère rentrer à pied et effacer, dans les rues de Calcutta, les tensions de la nuit.
Singh suggère de lui confier au moins son lourd cartable qu’il déposera à son hôtel.
Pas question pour Arnaud de se séparer de ses dossiers, malgré leur poids. Il sort dans la rue, sa tête est à saturation, le haut du corps noué, son énergie à plat. Il fait déjà chaud, malgré l’heure matinale.
Ses oreilles bourdonnent du bruit incessant des camions, des bus, du roulement des tramways, des klaxons, des pétarades des motos, des cris de la foule déjà dense.
Au lieu de s’apitoyer sur cette mer de misère, de saleté et de bruit, il ne capte que le côté vivant et joyeux des Bengalis au petit matin.
Nombre de ses relations de New Delhi et Bombay ne supportent pas Calcutta et lui reprochent les sentiments d’amour qu’il porte à cette ville. Graduellement, une bulle de sérénité remise bien loin les tourments de la nuit. Après un quart d’heure de marche, il se sent enfin bien, l’esprit apaisé par le monde qui l’entoure.