On parle d’animaux, de politique et de business quand la maharani entre, apprêtée comme jamais, depuis des décennies : sari de couleur, bijoux et parfum font renaître la maharani d’antan.
––– Bonsoir Messieurs. Votre étonnement me fait plaisir. Je vois que vous êtes sensibles à la tenue de la vieille dame que je suis. Avec Shakti, nous avons décrété que rien n’interdisait, ce soir, de nous joindre à vous, dans une tenue plus gaie que d’habitude.
Parmita arrive avec ses deux fils qui se précipitent vers la maharani.
––– Oh, comme tu es belle !
––– Vous êtes gentils mes enfants. Je crois qu’une autre surprise arrive.
Shakti fait son entrée, superbement belle, souriante et conquérante. Les dentelles de sa longue robe écrue bohémienne dévoilent ses bras et le bas de ses jambes. Sa poitrine est sagement voilée, ses cheveux libres ondulent sur son cou et ses épaules. Bracelets aux poignets et aux chevilles, colliers et boucles d’oreilles, tous d’argent finement travaillé, réfléchissent la lumière des lustres.
Intérieurement aux anges, Arnaud reste coi, ne sachant si Shakti est dans une sorte de provocation familiale, concoctée avec sa tante, ou si elle a reçu l’aval de son frère. Les effluves d’un parfum accompagnent à merveille la grâce de sa dulcinée, il reconnaît celui qu’il lui a offert au départ de Venise.
Silence dans l’assemblée.
Shakti vient se placer derrière Arnaud et pose ses mains sur ses épaules.
––– Vous me semblez ébahis. Vous n’avez jamais vu cette robe, je ne l’ai jamais portée. Papa me l’avait offerte avec ces bijoux lors de notre voyage à Prague, l’année précédant mon mariage. Plus de dix ans que je la vois dans mes affaires, sans pouvoir la porter. Vous savez tous que ma vie va changer. Ma tenue de veuve n’a plus de sens, si ce n’est vis-à-vis de la société qui perpétue des traditions cruelles et dépassées. Je sais que vous êtes tous très heureux de ce qui m’arrive et je vous remercie de votre soutien. Merci Arnaud d’avoir débarqué dans ma vie comme tu l’as fait.
Shakti embrasse pudiquement Arnaud.