Naissance de l’INPG

Naissance de l’INPG

Vie quotidienne

4 janvier 1970

Publication d’étudiant 1970

Cet article écrit en 1970 pour la plaquette annuelle de son école d’ingénieur montre la propension précoce de Régis Dussossoy à remettre en cause l’ordre établi avec une approche positive des réformes à mener.

Naissance de l’Institut National Polytechnique de Grenoble

Par Régis DUSSOSSOY,

Président du Cercle des Elèves de l’E.N.S.E.E.G.

Une grande confusion existe actuellement dans l’esprit de bien des personnes à propos de l’existence et des spécialités des différentes E.N.S.I. de Grenoble. Ceci est bien légitime étant donné les changements qui se sont succédés depuis dix ans. La réforme est encore d’actualité mais il est déjà possible de préciser l’essentiel de ce qui sera en place dans les trois prochaines années.

La loi Edgar Faure entre lentement en application dans les Universités ; on découpe ou on regroupe les établissements existants en unités d’enseignement et de recherche (U.E.R.) rassemblées elles-mêmes dans les universités. Qu’advient-il des E.N.S.I. ? Par application du décret du 14 octobre 1969, elles peuvent soit devenir U.E.R. au sein d’une université, soit rester plus indépendantes en prenant le statut d’établissement public à caractère scientifique et culturel rattaché à une université. Dans les villes de Toulouse, Nancy et Grenoble, les E.N.S.I. sont suffisamment nombreuses pour constituer entre elles un établissement homologue d’une université : ainsi sont créés trois Instituts Nationaux Polytechniques (I.N.P.). Cette initiative est particulièrement heureuse à Grenoble puisque, à l’inverse de Toulouse et de Nancy, l’I.N.P.G. regroupe trois E.N.S.I. de caractères très voisins et recrutant sur le même concours. L’Institut Polytechnique (I. P. G. et ancien LE.G.) est maintenant découpé en trois U.E.R., soit l’ENS d’Electrotechnique et de Génie Physique, l’ENS d’Hydraulique et l’ENS de Mathématiques Appliquées et d’Informatique. Par ailleurs, l’ENS d’Electronique et de Radio-électricité et l’ENS d’Electrochimie et d’Electrométallurgie constituent chacune une U.E.R. Le rattachement probable de l’Ecole Française de Papeterie à l’I.N.P.G. amènerait à six le nombre des unités. Il fallait en premier lieu établir les projets de statuts pour l’I.N.P.G. et les différentes U.E.R. Les élections des assemblées constitutives ont eu lieu le 17 février 1970.

Depuis lors, l’attitude générale n’a pas été l’indifférence ; par réflexe de défense devant les réformes, chacun s’est lancé résolument dans le jeu de la constitutive. Une exception à cela, celle de la majeure partie des élèves, ne se sentant pas concernés ou hermétiques à toutes recherches de nouveautés, ils se sont contentés d’élire leurs représentants. Les réunions ont proliféré à tous les niveaux, depuis mars 1970. Chacun a dévoilé plus ou moins explicitement au fil des débats ses aspirations profondes, ce qui a, bien entendu, occasionné quelques échauffements dans l’assemblée. Dès les élections, 17 élèves sur les 19 élus se sont présentés en un seul groupe défendant les mêmes idées ; ils se retrouvent actuellement dans les différents cercles de section et dans le cercle I.N.P. créé au mois de juin pour personnaliser la volonté de parvenir à une réelle cohésion entre les unités. De fait, une forte majorité dans l’assemblée s’est prononcée en faveur d’un pouvoir central fort, celui-ci étant exercé par le conseil d’administration de l’I.N.P.G. et son président, assistés de différents conseils et commissions.

Cherchons quel peut être l’intérêt de la chose à l’Ecole d’Electrochimie sur le seul plan de l’enseignement. Deux virus affectent fréquemment nos écoles, ce sont la sclérose et l’autocratie. Nos E.N.S.I. sont spécialisées et dirigées par des spécialistes ; une évolution naturelle les amènerait toujours plus à fond dans un domaine au détriment du reste. La mise à jour des programmes, des méthodes d’enseignement et de contrôle de connaissances demande une recherche constante qui est inexistante actuellement. Le meilleur remède à tout cela est l’ouverture sur d’autres disciplines et la participation de tous dans les discussions et décisions. Il est urgent de repenser d’un bout à l’autre l’enseignement à l’Ecole : si par exemple certains reprochent aux élèves de se comporter comme des gamins, c’est le système qu’il faut mettre en cause, ce système ne faisant pas appel au travail et à l’initiative personnelle avant le projet de 3e année et s’apparentant de très près au baccalauréat quant à l’esprit des examens. Un autre élément de poids est l’énorme handicap constitué par la dépendance vis-à-vis de la Faculté des Sciences ; celui-ci sera écarté le jour où l’Ecole aura ses propres enseignants au sein de l’I.N.P.G. Malheureusement, il semble que le Ministère ne soit pas prêt à effectuer une telle manœuvre dans un avenir très proche. Dans le projet actuel de statuts, le fonctionnement de l’I.N.P.G. est à deux niveaux :

Le Conseil d’Administration de l’I.N.P.G. est composé de 36 membres dont 10 étudiants et 12 personnalités extérieures ; son président, élu pour 5 ans, a un rôle permanent : il dirige l’I.N.P.G. et assure le fonctionnement des différents conseils et commissions. Au niveau de l’U.E.R., un conseil de 24 membres administre l’unité en accord avec les instances de l’I.N.P.G.; il s’entoure aussi de commissions. Le Directeur, nommé par le Ministre, dirige l’unité ; il assure, entre autre, l’exécution des décisions du conseil.

Les conseils devraient être élus en janvier 1971. L’I.N.P.G. changera plus que sur le papier la physionomie de nos écoles. Il est pénible de constater que nombreux sont ceux qui veulent du nouveau et aucune voie statutaire ne permet encore d’y parvenir. En changeant peu, on peut améliorer beaucoup. Il ne sera pas nécessaire d’attendre plusieurs années pour voir la lourde machine administrative se mettre à l’œuvre : chacun a déjà amené bien des idées à maturité et n’attend qu’un feu vert pour les exprimer.

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